André :
Ah
 ces fonctionnaires, ils se croient tout permis ! Vous me demandiez ce que
 vous pouvez faire pour moi ?
Les
 gendarmes en chœur :
« –
 Oui, nous devons nous faire pardonner notre négligence. »
André
 éclate de rire et va son buffet, il ouvre la porte et sort sa meilleure gnaule.
André :
« –
 Il nous reste à boire un coup parbleu, c’est ma meilleure, je ne la sers que
 dans les grandes occasions. Ce n’est pas tous les jours que vous passez à la
 maison. »
Les
 gendarmes :
« –
 Ah non André, nous sommes en service. »
André :
« –
 Pas à moi les gars, vendredi au carrefour de Tout-y-faut, j’ai livré 200
 kilogrammes de pommes de terre nouvelles, je suis passé par l’arrière pour
 aller aux cuisines et j’ai aperçu au bar, accoudés devant deux petits blancs,
 deux beaux perdreaux en tenue.
Les
 gendarmes en riant :
« –
 Pardon André, mais à cinq heures, le service routier est terminé, sauf mission
 spéciale de notre Chef chef. »
André :
« –
 Sauf mes amis que j’ai livré à 15 heures. C’est facile à contrôler, j’ai été
 bloqué au passage à niveau de la lignate pour le passage du train.
Les
 gendarmes éclatent de rire :
« –
 Chut André, il ne faut pas le répéter, c’est top secret. »
Germaine
 a posé les verres sur la table.
« –
 André y verse son élixir de santé, dont ils sirotent avec délectation les
 saveurs. Dès qu’ils sont vides, André les remplit aussitôt.
Les
 gendarmes :
« – Ah André, tu nous surprendras toujours. »
André :
« –
 Germaine, prépare deux bouteilles pour nos amis. Tu les caches dans un journal.
 Mes cadeaux ne regardent personne. Ils pourront les déguster tranquillement
 chez eux. »
Les
 gendarmes :
«
 André, tu n’es pas obligé. »
André
 en riant :
« –
 Celles-là n’ont pas été déclarées, il faut bien que je m’en sépare…»
Les
 gendarmes rient de bon cœur du bon mot d’André.
Germaine :
« –
 Tu es gonflé de leur raconter ça … »
Les
 gendarmes :
« –
 Oh Germaine, ne vous inquiétez pas inutilement, il n’est pas le seul. Si nous
 avions que ce genre de problème, malheureusement, des délits bien
 plus graves sont de plus en plus nombreux…
Nous
 sommes payés pour faire notre métier et nous appliquons parfois malgré nous,
 les consignes que nos supérieurs nous donnent. Mais dis-moi André, c’est quoi
 exactement que cette histoire.
Nous
 n’avons rien compris, si le procureur nous demande quelques détails, nous sommes bien incapables de lui analyser le problème. Explique nous
 bien l’ordre des choses, pour que nous sachions quoi lui répondre.
André
 volubile, explique de long en large, comment les évènements se sont déroulés, en
 fonction de ce qu’il en sait. Il s’arrange comme d’habitude pour devenir le
 personnage central de l’histoire. Il ne s’attendait pas du tout au final de ce soir.
Hier, il a même privé Pierrot de messe, pour qu’il puisse remettre l’ensemble des
 objets appartenant au Comte de la Fenière. Tenez dit-il voici la carte de ce
 fameux Monsieur, Germaine les a trouvé en rangeant la chambre des enfants ce
 matin.
Pierrot :
« –
 Maman, tu as encore fouillé dans mes affaires, je les avais cachées. »
Les
 gendarmes prennent la carte :
“- Merci
 André de la confiance que tu nous fais. Nous comprenons mieux pourquoi le
 Conservateur a outrepassé ses droits. Il faut aussi le comprendre, c’est la
 découverte de sa vie. Il n’a pas envie qu’elle lui échappe. Il va sûrement
 revenir à la charge après avoir constitué un bon dossier. Ce genre de type ne
 lâche jamais sa proie. »
Pierrot :
« –
 Maman je te faisais confiance, c’est fini. »
André :
« –
 Pierrot, ce n’est pas ta mère mais moi, qui ai insisté, et soit poli avec elle,
 surtout devant les gendarmes. »
Les
 gendarmes :
« –
 Nous n’avons rien entendu et du moment que tous peuvent confirmer que ce
 Monsieur existe réellemnt, qu’ils l’aient vu, qu’ils lui aient parlé, je ne vois pas ce
 que ce fonctionnaire peut faire, sauf s’adresser à lui. C’est par contre surprenant, que ce savant ait choisi Loulay et sa petite école pour montrer ses
 secrets.
André :
« –
 Vu le déroulement des évènements, ce doit être un original. Il aura préféré la
 compagnie d’enfants à la recherche d’un savoir que des intellectuels ou
 scientifiques bardés de diplômes inutiles, qui se prennent souvent pour le
 nombril de Jupiter. Mais, je le reconnais, c’est une sacrée avancée
 scientifique. Ceci explique cela.
Les
 gendarmes.
“- André,
 il se fait tard, notre enquête est close avant d’avoir commencé, nous vous
 disons bonsoir, merci pour votre accueil et en montrant les bouteilles, nous les boirons à votre santé. »
Sur
 ce, ils quittent la maison sans se faire plus de souci.
André
 à pierrot :
« –
 Bravo mon garçon, tu as vu juste en prévoyant la venue des gendarmes. »
Germaine :
« –
 Je te l’ai dit, fais lui plus confiance, mais tu ne m’écoutes jamais. »
André :
« –
 Heureusement que je les connais et avec le papier dicté par l’avocat, je leur
 ai cloué le bec à tous. »
Gros
 Sel n’avait rien dit jusqu’ici, il est resté silencieux, fidèle à sa
 tactique :
« –
 C’est un travail d’équipe papa. »
André :
« –
 Tu as raison mon fils, c’est un véritable travail d’équipe. Le team Hillairet
 and co vient de voir le jour. »
Gros
 Sel :
« –
 Moi, ça me donne une autre idée Papa.
André :
« –
 Dis toujours mon fils au point ou nous en sommes, je peux désormais tout entendre.
 N’est-ce pas toi Pierrot qui me disait l’autre soir, qu’il n’y a pas de
 questions idiotes, que seules, les réponses le sont. »
Gros
 Sel insistant :
« –
 Hier, tu as fait un tabac en allant à la messe et tu as pu constater la tête que
 chacun faisait, à l’entrée comme à la sortie… »
André :
« –
 Oui et au parti, les choses n’ont pas traîné, j’ai eu ce matin avec Adrian une
 chaude conversation au téléphone et il me somme de m’expliquer par écrit. Il va
 avoir une réponse de ma part qu’il n’oubliera pas de sitôt… »
Gros
 Sel le coupant à son tour :
« –
 Papa ne me coupe pas s’il te plait, ce sont tes affaires, moi je te parle
 des  affaires de notre famille,
 écoute-moi cinq minutes c’est important ,même si je suis le plus petit. »
André
« –
 Vas-y mon fils, je me tais jusqu’au bout. »
Gros
 Sel :
« –
 Bien je vais pouvoir continuer. À la sortie, comme à ton arrivée dans son
 église, le vieux curé se croyait à Lourdes, à la place de Sainte Bernadette
 découvrant l’apparition de la vierge. Il en est resté la bouche ouverte.
 Imagine que si des mouches étaient passées à ce moment, il les gobaient toutes.
À
 la pâtisserie, j’ai cru qu’ils allaient te demander des autographes,
 l’après-midi au foot ce fut l’apothéose, tu deviens commanditaire du club, tu
 leur offres deux mille francs de primes, ils gagnent et tu deviens leur
 coqueluche, leur porte-bonheur et la nouvelle vedette du club.
Tous
 les copains m’en ont parlé à la récré. Ce soir, ce sont les flics qui prennent ta
 défense, tes enfants sont parmi les meilleurs de leur classe et grâce aux
 photos du papillon, tous les journaux locaux vont parler de toi dans un peu
 moins de Quarante huit heures. Nous sommes loin de la vilaine dispute de l’autre soir, tu ne croîs pas ?
André :
« –
 Voilà le benjamin des Hillairet qui s’en mêle, mais je ne connais pas toujours
 pas ton idée lumineuse mon fils… »
Gros
 Sel :
« –
 Pierrot dit toujours, qui ne dit rien consent, donc je considère que tu
 d’accord avec mon analyse. Je continue. Tu as fait la paix avec tout le monde
 sauf un. C’est le moment d’en profiter, il pourrait peut-être t’aider à devenir
 maire de Loulay, payer ta campagne électorale. Il est riche, intelligent. Moi,
 je dis les choses comme je les pense pour te rendre service. »
André :
« –
 Faire la paix avec le Maire certainement pas. Cela fait plus de vingt ans qu’il
 exploite le village et ses ouvriers. Ils sont sous payés. Je vais le battre
 cette fois aux élections et je serai un maire élu par le peuple.
Pierrot :
« –
 Justement Papa, je ne crois pas que Gros Sel veuille parler de Monsieur le Maire actuel, j’ai plus l’impression qu’il pense à quelqu’un d’autre. Qu’en
 pense-tu Gros Sel ? Je ne suis pas à sa place, mais je
 sais que Gros Sel est plus malin que cinquante renards réunis, si nous sommes
 un team, une équipe, écoute le jusqu’au bout.
Gros
 Sel en se marrant:
« –
 Pierrot, pourquoi cinquante, c’est un minimum j’espère. »
Germaine :
« –
 Il a raison, nous ne l’écoutons jamais, il est le plus petit, mais il a aussi
 de très bonnes idées. »
André :
« –
 Si toute la famille s’en mêle. Je t’écoute mon fils quel conseil as-tu à me
 donner ? »
Gros
 Sel fier de voir la famille l’écouter, donne un coup de pied à Pierrot sous la
 table et dit :
« –
 Je me demande ce que ferait comme effet sur les gens du village si tu
 traversais le village, à pied, en dicutant gentiment avec le docteur du château,
 il te ramènerait à la ferme et vous iriez ensemble au conseil municipal avec la
 grosse Bugatti…»
Germaine
 en entendant ces mots se signe et la grand-mère l’imite
 aussitôt :
« –
 Mon Dieu, protégez le, mon fils est fou, il est possédé par le démon. Par la Madone
 André, surtout ne l’écoute plus. »
La
 manière dont Gros Sel a tourné son argumentation a plu à André. Il s’est éclaté
 de la façon dont il a évité les provocations et mis son père devant des
 évidences dont il ne peut nier leur authenticité, ni leur intérêt…
André :
« –
 Tu fais fort Gros Sel ! Viens là mon fils. Ta stratégie est digne d’un
 général. Je dois y réfléchir, mais c’est loin d’être idiot. Le plus dur sera
 d’entrer en contact avec lui,plus personne ne lui parle. Je me vois mal
 aller sonner à sa porte sans y être invité.
Pierrot :
« –
 Il y a plus simple. Fais lui une lettre gentille, excuse-toi pour ton
 comportement passé, tu viens de faire davantage avec Monsieur le curé. Avec lui
 tu t’es même complètement compromis. Dis lui que tu souhaites une rencontre
 discrète pour t’expliquer avec lui, que le communisme t’avait bouché les yeux,
 que tu les quittes et que pour toi, l’heure est à la réconciliation générale.
André :
« –
 Abandonner les camarades jamais, je n’en ai pas le droit. »
Pierrot :
« –
 En allant à la messe tu as fait la promesse de revenir, tu ne peux plus faire
 machine arrière, tu as déjà perdu la confiance de ton parti. Si tu retournes
 une nouvelle fois ta veste, tu seras mort politiquement. Arrête de donner des
 primes au Réveil, c’est de l’argent jeter par la fenêtre. Plus personne ne
 pourra te faire confiance, et tous nous serons déçus. »
André
 est secoué par les paroles de Pierrot
Germaine :
« –
 C’est quoi cet argent pour le football dont vous parlez  ? »
André :
« –
 Je t’expliquerai, c’est une vieille promesse que je tiens. »
Pierrot
 reprend la parole :
« –
 Papa, soit moderne, montre l’exemple comme tu l’as si bien fait hier, regarde,
 tous étaient admiratifs, le communisme et le sang versés ne font plus rire
 personne, il ne séduit plus, c’est fini. Les passions des jeunes sont dans le
 monde moderne, la consommation, l’évolution, la reconnaissance, les voyages,
 l’information le partage des richesses de la production et la liberté de vivre,
 de voyager de choisir son chemin. Tu dois lui écrire et lui demander un
 rendez-vous. Soit il l’accepte, soit il le refuse. Tu n’as rien à perdre. De
 toute façon à la lecture de ta lettre, il va appeler Monsieur le curé et lui
 demander son avis, ils sont culs et chemise, ils s’appellent plusieurs fois par
 jour et se rencontrent chaque matin pour la messe de 7 heures au château.





