Vin de Bordeaux

VIN DE BORDEAUX – HISTOIRE

Le vignoble de Bordeaux est en partie ancien, et en partie récent. On sait peu de choses des vignobles antiques girondins, sinon que c’est sous les règnes de César er de Néron que les Bordelais commencèrent à planter la vigne et à exporter leur vin. Les seuls écrits sont ceux d’Ausone au 4e siècle, et ceux de Sidoine Apollinaire un siècle plus tard. Par Ausone, nous connaissons “les coteaux couverts de vignes et de feuillage qui se reflètent dans la blonde Garonne”, sous un “ciel doux et clément, où la terre toujours arrosée est bonne et féconde, où le printemps est long et l’hiver est bref”. Nous apprenons aussi que le vignoble est blanc et qu’il produit un vin réputé jusqu’à Rome.

Sidoine Apollinaire nous montre les coteaux de Burgus (Bourg) entièrement consacrés à la culture de la vigne.
Puis ce furent les siècles noirs des invasions barbares, le chaos…

Au 12e siècle, au temps d’Henri Plantagenet et d’Aliénor d’Aquitaine, le vignoble se développe sous l’influence du marché anglais, pour échapper à la dépendance du Narbonnais. 25.000 hectares sont plantés (mais pas dans le Médoc) pour satisfaire la demande à l’exportation, l’Aquitaine étant alors le cellier de l’Angleterre.

On y fait le claret, un rosé par mélange de cépages, avec macération courte,
ce qui donne un primeur à boire avant juin. En 1206, Jean-Sans-Terre exempte les bourgeois de Bordeaux de toute coutume sur les vins et les marchandises.

Les 36 Actes du Grand Privilège consacrent l’omnipotence de la Jurade, qui
apprécie le mûrissement du raisin afin de décider le ban des vendanges.
L’exportation des vins de Bordeaux passe par un maximum en 1308-1309 :
900.000 hectolitres. C’est à peu près à cette époque que l’on prend
l’habitude de jauger les navires d’après leur capacité en tonneaux bordelais
(1 tonneau contient environ 900 litres).

A partir du 16e siècle, le vignoble évolue sous l’influence des Flamands. Ceux-ci -agronomes déjà experts en matière de bière, gin, genièvre- développent la production des vins blancs doux naturels et des “black wines”, afin d’avoir des vins de bonne conservation.
C’est encore au 16e siècle qu’apparaissent les premiers oenologues du monde : la famille de Pontac, propriétaire du Haut-Brion, ouvre des restaurants à Londres pour écouler leur précieux liquide. D’autres familles suivent rapidement : Yquem, Ségur, etc.

Ce n’est qu’au 17e siècle que le Médoc trouve la vocation que nous lui connaissons. La famille Bourdieu apporte des améliorations sensibles à la culture de la vigne (le bourdieu désigne une vigne en rangs palissés).
Le vieillissement existait déjà, mais il se généralise, et les chais font leur apparition.
C’est aussi au 17e que sont créées les Chambres de Commerce et d’Agriculture, et l’Académie des Sciences et des Arts.

Jusqu’au milieu du 18e, le vin était vendu “en cercles”, mais des négociants londoniens commencent à élever eux-mêmes des vins qu’ils vendent en bouteilles cachetées. C’est alors que l’industrie du verre connait un essor considérable, et le vin va désormais être exporté en bouteille. Au 18e encore, les Hollandais assèchent les marécages du nord du Médoc et assainissent la presqu’île; toutes les conditions sont alors réunies pour permettre l’essor du Médoc tel que nous le connaissons.
En 1797, Château Lafite inaugure le vieillissement du vin en bouteille, mais il faudra attendre encore un siècle avant que la mise en bouteilles se développe sur une grande échelle.

Le Libournais, relativement éloigné de Bordeaux, restait à l’écart de ce mouvement et stagnait par la faute d’une aristocratie pauvre et timorée. Le développement du chemin de fer, à partir de 1860, lui permit de sortir enfin de son isolement. Peu après, précédée par plusieurs attaques de mildiou, la crise phylloxérique allait éclater…

Pour en savoir davantage sur l’histoire viticole de 1750 à 1950, on visitera avec intérêt le Musée d’Aquitaine, Cours Pasteur, à Bordeaux.

Aujourd’hui, Bordeaux est synonyme de vin pour le monde entier. Rien ne se passe à Bordeaux qui n’ait de rapport direct ou indirect avec le vin. Le vin qui contribue à faire de Bordeaux un haut lieu de l’art de vivre, en droite ligne de celui célébré par Ausone voici seize siècles.

Le vignoble de Bordeaux s’étend sur 107.000 hectares plantés, dont 101.000 en AOC, c’est à dire presque deux fois la superficie du vignoble australien, autant que le vignoble allemand ou que celui d’Afrique du sud. Sa production ne représente cependant que 2% du vin fait dans le monde. Elle est due à 13.000 vignerons, dont 5.000 associés en coopératives. Le tiers de la production vient de domaines de 25 hectares et plus. Notons que 5.000 domaines seulement ont le droit de s’intituler Châteaux.
En 1989, la production était de 5,2 millions d’hectolitres, dont 4,7 en AOC (3,4 en AOC rouge).

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