Il est cinq heures, les censeurs se pointent…………….. Épisode 53

À
cinq heures pile, Les deux conservateurs garent leur voiture dans la cour de la
ferme. André sort pour les accueillir et les invite à pénétrer à l’intérieur de
la maison. Il fait asseoir ses hôtes autour de la table pendant que Germaine
sert le café. Pierrot et son frère se sont placés à chaque extrémité. Quand ils
sont tous installés, André va chercher sa gnaule et trois verres. Quand il a
des invités, c’est un rituel immuable, la gnaule d’André est presque une
légende, il ne peut s’empêcher de montrer qu’il est le meilleur partout.
C’est plus fort que lui.

Les
formalités de bienséance étant terminées, il est temps d’en arriver aux choses
sérieuses. La grand-mère qui ne veut pas perdre une miette des débats a
rapproché sa chaise et tout en reprisant ses chaussettes, s’est installée au
premier rang.

Monsieur
Brunet prend la parole:

« –
Nous sommes ici avec Monsieur le Conservateur principal des musées du
Poitou-Charentes. Je n’ai pas besoin de vous préciser, qu’il ne se déplace
jamais pour rien. Il faut que le sujet soit important, pour
qu’il le fasse un samedi après-midi. C’est un fonctionnaire nommé directement
par le Ministre de la culture.

Mais,
venons en aux faits. Toutes les études des objets que vous nous avez confiés
nous ont amené à réaliser des recherches en laboratoire pour confirmer nos
premières observations. Si toutes les analyses sanguines engagées se confirment,
nous allons déclancher un tsunami, et bouleverser le monde scientifique.»

André :

« –
Soyez plus clair Monsieur Brunet, je ne comprends pas comment trois os, une
dent, deux bols et quelques pierres taillées peuvent avoir de si
extraordinaires pour déclancher ce que vous dites. C’est quoi d’ailleurs
ce truc ?»

Monsieur
Brunet :

« –
C’est simple, c’est un bouleversement scientifique. Monsieur Hillairet vos
trois os, et la dent sont des restes de dinosaure. »

André
accuse le coup, mais reste stoïque, pendant que Germaine et la grand-mère se
signent :

« –
J’accepte que cette nouvelle vous paraisse surprenante, comme à nous
d’ailleurs, mais, ce ne serait pas la première fois que l’on ferait ce genre de
découvertes, c’est plutôt bien, pour une petite commune comme la nôtre. »

Monsieur
Brunet :

« –
Le plus important Monsieur ne réside pas dans le fait que ce soit un dinosaure
bien que Loulay ne soit pas répertorié dans une des zones reconnues pour ce genre
de découvertes. Nous serions vers Sarlat, ce serait plus plausible. Mais, après
une l’étude plus approfondie de la composition de ces restes, nos chercheurs
ont conclu qu’ils venaient du même animal et qu’il était encore vivant, il y a
moins de dix jours.

André
reçoit un second coup qui le déstabilise un peu, il cherche à gagner du temps
pour récupérer :

« –
Soyez plus précis Monsieur le Conservateur, le dernier dinosaure est mort, il y
a 75000000 d’années. Ne me faites pas rire Messieurs. Vous n’êtes pas venu un
samedi, à cinq heures du soir, pour m’annoncer que vous croyez à cette
stupidité. Vous m’apparaissez comme des personnes sérieuses, pas des
affabulateurs. J’ai l’impression d’avoir devant moi, deux farfelus qui nous feraient une blague de potache. »

Monsieur
Brunet :

« –
Mardi dernier, votre épouse que je connais depuis le lycée, m’a apporté les
restes d’un animal. Ils étaient accompagnés d’autres pièces intéressantes.
Elles semblaient toutes de la même époque.

La
première chose qui m’ait frappé, c’est l’aspect de ces restes. Ils étaient d’un
blanc immaculé, comme le seraient les os d’un animal qui vient juste d’être
dépecé dans un abattoir. Il restait même de minis lambeaux de chair séchée
accrochée au niveau des cartilages et sous la coiffe des os.

Vu
leur grosseur, j’ai immédiatement pensé à des restes d’un éléphant ou d’un
rhinocéros qui aurait été sacrifié par des trafiquants pour récupérer l’ivoire.
Leurs restes auraient été dispersés dans la campagne et à Loulay par un pur hasard.

Nous
avons effectué les photos et les radios d’usage. Dans le cas de restes, d’ossements,
d’objets, nous devons respecter un protocole très précis établi par des
scientifiques. L’étude s’est terminée par une constatation simple et rapide.
Aucun des éléments en notre possession ne correspondait à ceux des gros
mammifères vivant actuellement.

Nous
sommes donc remontés plus loin et, comme ils ne sont pas nombreux, la seule
conclusion possible restante, fut celle d’un animal de la famille des tyrannosaurus. Après avoir vérifié nos
recherches, le résultat nous a paru si sensationnel que nous avons avisé
immédiatement notre tutelle de Poitiers.

Aussitôt
nous nous sommes imposés un black-out. C’est notre règle en pareille
circonstance. Une seconde étude, plus approfondie, a confirmé cette première
analyse, elle a nécessité la mise en place d’une équipe de chercheurs
spécialisés en paléontologie.

Nous
aurions pu en rester là, et vous annoncer que ce n’était pas des restes humains
mais, même pour les restes d’un éléphant nous aurions dû faire ouvrir une
procédure judiciaire pour braconnage. C’est cet aspect récent des restes qui nous
a le plus alerté au départ. Quelque chose clochait, Il y avait un problème, et
rien ne correspondait aux normes habituellement connues ou répertoriées.

Nous
n’avons retrouvé dessus aucune trace de terre, Ces restes, n’ont jamais été au
contact de quelque chose, ils n’avaient aucune souillure d’aucune sorte, c’est
anormal. Ils ont même été lavés à l’eau bouillante récemment, sûrement pour les
nettoyer, mais la terre laisse toujours des traces de carbone. Or, il n’y avait
rien. Le néant.

Nous avons donc appelé en soutient des spécialistes de nos
laboratoires poitevins pour trouver une explication plus plausible à nos
observations. Ils ont pu extraire, quelques gouttes de sang en suspension dans
des veinules internes. L’analyse sanguine et les radios sont, sans aucune
équivoque, ni doute possible. Elles sont sans appel. Nous en avons la copie ici,
tenez la voici. »

Monsieur
Brunet tend une feuille ou des chiffres sont effectivement inscrits ainsi qu’un
texte dactylographié tamponné et paraphé du nom des chercheurs ayant effectué
ces tests.

André :

« –
Et alors … »

L’autre
Conservateur s’ était tu jusqu’ici, il prend la parole :

« –
Ces ossements viennent d’un animal de la famille des tyrannosaures d’une trentaine de tonnes. Il était
relativement jeune et encore vivant il y a moins d’une semaine. Le sang
prélevé n‘était même pas encore
entièrement sec. Nous sommes devant une impossibilité scientifique
totale. Aucun reste d’animaux de cette époque ne peut avoir cet aspect de fraîcheur,
même s’ils ont été embaumés.

Il
est impossible que des cellules sanguines vivantes soient conservées dans les
conduits sanguins d’une dent ou d’un os, en gardant dans cet état de fraîcheur,
alors que le dernier animal de l’espèce est mort, il y a 75000000 d’années.
C’est impossible et pourtant c’est vrai. Il reste même quelques cellules
vivantes, dans une des gouttes de sang récupérées !

Autre
chose aussi improbable, les os ont été nettoyés avec des lames de couteaux en acier. Autrefois, ils ne connaissaient que le silex taillé. Les bols
aussi présentent quelques anomalies. La glaise est d’époque, c’est une
sorte de caolin, le moulage a été fait à la main en utilisant une technologie
et une maîtrise très ancienne.

La
cuisson a été réalisée selon un façonnage pratiqué à l’époque préhistorique mais, elle date de moins de quinze jours grand maximum…Ici encore, nous avons
des impossibilités, des contradictions et pourtant nos analyses sont formelles
et heureusement incontestables, même si elles doivent encore être confirmées.
Elles sont en cours en ce moment.

Tout
a été passé au carbone quatorze. C’est un procédé qui permet de connaître l’âge
des objets que nous récupérons. Il n’en ressort que des vérités. Il y a une
chance de se tromper sur 1000000. L’utilisation de ce procédé coûte très chère, donc, nous nous en servons que pour des recherches exceptionnelles, comme c’est ici le cas.

Il
est donc important que l’on sache, comment vos enfants sont entrés en possession
de ces pièces uniques pour comprendre l’impossible… »

Se
tournant vers Pierrot :

« -C’est
votre grand fils, je crois qui a… »

Pierrot
sans aucune retenue le coupe sèchement :

« –
J’ai déjà répondu plusieurs fois à cette question. J’ai rencontré un
monsieur qui m’a confié ces objets. Même si ce que vous dites est vrai… »

Sentant
Pierrot au bord de l’esclandre, André préfère prendre la parole. Il raconte ce
qu’il sait depuis la première apparition de ce Monsieur en habit noir et sa
seconde venue de jeudi, visite qui lui a été confirmée par le chef de gare.

Le
Conservateur en Chef :

«
– Personne ici, ne peut ou ne veut m’en dire davantage. »

André ;

«
– À moins de vous mentir Monsieur ou d’en rajouter, ce qui n’est pas le genre
de la maison, vous en savez autant que nous !!!

Maintenant, comment les choses
vont-elles se passer ?
Jusqu’à présent, ces pièces ont été confiées à mes enfants pour les faire découvrir aux élèves de l’école publique. Vu l’importance qu’elles semblent représenter,
j’en suis responsable avec mon épouse, mes enfants étant mineurs.

Elles
ont un propriétaire. Nous devons le retrouver. C’est avec lui que vous devrez
pendre des engagements, pas avec nous. Prenez contact avec lui. Aujourd’hui, vous faites des
recherches sans son accord, c’est peut-être lui aussi un grand scientifique qui
travaille en secret, chez lui, incognito. Par sympathie, il a prêté ces pièces
intéressantes à nos enfants, dans un but éducatif. Vous avez pris
de drôles de décisions sans nous en informer, je ne suis pas content du
tout. »

Le
Conservateur :

« –
Monsieur Hillairet, ces choses appartiennent à l’histoire, je suis officier
ministériel et à ce titre je saisis ces objets. J’en ai le droit, je vais par
contre vous faire un reçu. »

André :

« –
Vous avez un tampon officiel ? »

Le
chef conservateur :

« –
Non pas sur moi, mais je suis fonctionnaire public et assermenté, voici ma carte… »

André
regarde la carte bleu blanc rouge, mais remarque qu’en bas à droite, il est
indiqué qu’elle ne peut être utilisée qu’en présence d’un officier de
police judiciaire missionné par le Procureur de la république.

André :

« –
Elle n’a aucune valeur, lisez. Vous nous laissez tout ceci, vous reprenez ce
qui vous appartient, revenez avec qui vous voulez, aucun de ces objets ne
quittera ma maison sans mon accord ou celui de leur véritable
propriétaire. Je vous donne le nom et les coordonnées de mon avocat.
Négociez avec lui. Je ferai, ce que mon conseil me dira de faire, soyez en
certain. Prenez votre temps et faites les choses dans les règles, nous les
respecterons. »

Le
conservateur est en rage. Il ne pensait pas rencontrer un paysan connaissant aussi bien ses droits, et aussi méfiant. Il ne s’est prémuni de rien. Il n’a aucun papier
officiel sauf sa carte. Il n’a donc aucun pouvoir et seul contre tous, il ne
peut rien faire. Mais il reviendra lundi accompagné de la force publique, ils
verront bien, lequel des deux aura le dernier mot. Il ne peut pas laisser une telle découverte en l’état.

C’est
la première fois qu’il se trouve dans une telle situation et ne sait pas
comment y faire face. Il trouve juste à répondre:

« –
Je vous demande la plus grande discrétion, vous êtes responsable d’une des npuveautés la plus sensationnelle de ce siècle. S’il arrive quelque chose à
ses objets, je vous ferais traduire pour vol ou détournement devant un tribunal
correctionnel. »

Très
mécontents, ils se lèvent, saluent, et quittent la maison immédiatement. Son
collaborateur ne s’imaginait pas, comment une entrevue si bien commencée, ait pu tournée aussi rapidement à l’aigre et aux menaces. D’un bref salut de la main, tous les
deux se retirent,leurs voitures démarrent et quittent la propriété.

Les
deux intrus partis, André s’exclament :

« –
Bon débarras, quel culot ! Bravo les enfants, la messe a été dite. Ils
ignorent encore beaucoup de choses et leur dossier est loin d’être complet.
Cela dit, leurs informations sont plus que troublantes. »

Pendant
l’entretien, Germaine n’a pas pris la parole, mais n’en pense pas moins:

Germaine :

« –
Tu te rends compte André, des restes d’un dinosaure vivant il y a
moins dix jours. Mais je rêve. Pierrot dans quelle histoire nous
entraînes-tu ? Tu le savais que ces os et la dent étaient les restes d’un
dinosaure ! Il y a aussi ces bols dont vous ne vous séparez plus jamais,
je me demandais pourquoi, ils ont tellement d’intérêts pour vous…Je crois que
je commence à comprendre. Mais, comment le saviez-vous ? Que nous
cache-tu encore ? J’ai parfaitement compris Pierrot que tu en sais plus que tu ne veuilles bien nous en dire !!! Je ne parle même pas du papillon, d’où sort-il ? Demain, nous allons apprendre qu’il a vingt mille ans.

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