L’épilogue difficile d’un week-end de rêve……………. Épisode 56

André
ayant terminé ses fanfaronnades, croise Adrien le Chef de gare au moment de quitter le
stade.

André :

« -Tu
vois Adrien, j’ai suivi ton conseil et nous avons gagné, tu dois être content.

Passe
au café, nous allons arroser la victoire et notre première place. »

Adrien :

« –
Oui ce fut un beau match, ils ont joué en futur champion. Les meilleurs ont
gagné. André, tu as bien reçu mon message de cet après-midi, vers 14
heures ? »

André :

« –
Non, j’avais déjà quitté la maison avec les enfants.”

D’ailleurs où sont
ils ? Gros Sel est là, mais Pierrot a disparu.

Gros
Sel :

« –
Il en avait assez de t’attendre à la buvette. Il est rentré à la maison, il
doit finir ses devoirs. Demain il a encore deux compositions et il veut que
Maman lui fasse réciter les leçons qu’il a apprises ce matin. »

Se
retournant vers Adrien :

« –
Et tu me disais quoi dans ce message ? »

Adrien :

« –
Je t’ai promis que si je voyais ton Monsieur X je devais t’appeler. Quand je suis descendu pour venir au
stade, je l’ai aperçu avec un grand sac et une valise. Comme vous m’en
parlez tous depuis quelques temps, je suis allé le saluer. Il repartait vers
Niort et m’a dit aimer beaucoup ce petit village. Il y vient de plus en plus et
pense s’y installer bientôt. Il cherche une maison à louer pour y être
tranquille. Il est professeur de paléontologie. Il doit revenir cette
semaine. Il a pris la micheline de 14 heures. Je t’ai appelé aussitôt pour te
prévenir, ta femme m’a dit qu’elle te ferait la commission. »

Dis-moi
André, au stade, j’ai entendu de drôles de bruit, j’aimerai bien en parler avec
toi en tête à tête.

André
à la tête ailleurs et ne cherche pas à continuer cette conversation sans
intérêt pour le moment.

André :

« –
Quand tu veux Adrien, tu as mon numéro. Prenons un rendez-vous et nous en
parlerons tranquillement. »

Tout
en lui répondant, André comprend pourquoi, Pierrot n’est pas allé avec eux à la
messe ce matin et il est prêt à parier que les objets tant convoités se sont
envolés.

“-II
nous à tous eu pense t-il. On verra plus tard et le principal c’est que le papillon
et les objets soient enfin en sécurité. Mais, ils vont devoir encore
s’expliquer.”

André :

« –
Je te remercie Adrien, si tu passes au café du commerce nous boirons le verre
que tu m’as promis. »

Adrien :

« –
Non je rentre, je fais un remplacement à partir de dix huit heures. Je dois être à la
gare jusqu’au train de vingt et une heures trente. Mais, j’ai absolument besoin de te
parler, nous pouvons nous voir demain si tu as un moment ? »

André :

« –
Appelle-moi demain matin et nous nous verrons quelque part. »

André
sait de quoi il veut lui parler. Il est le responsable local du parti et de la
CGT et ses oreilles ont dû bourdonner depuis ce matin.

Adrien

« –
Je t’appelle vers 10 heures. »

André :

« –
C’est d’accord, j’essaierai d’être là. »

André
quitte Adrien et regagne silencieux sa voiture, l’euphorie est retombée. Gros
Sel le suit et monte à côté de lui. André démarre et demande à Gros Sel :

“- Sais-tu pourquoi, Pierrot n’est pas venu à la messe ce matin ?”

Gros
Sel :

« –
Il est comme toi Papa, c’est un communiste répond-il en rigolant, puis
redevenant sérieux,il avait des devoirs importants, il veut être le premier le
mois prochain donc il travaille davantage et moi aussi papa. »

André se tait, réfléchit et rentre
à la ferme. Il gare sa voiture dans la cour, descend et dit à Gros Sel :

« –
Je vais jusqu’au café, je serai là vers 20 heures, préviens Maman. »

Il
se rend au café du Commerce où l’ambiance est déjà au maximum, et des gorges s’égosillent de chants de victoire au gré des verres qui
se vident. Les coudes s’élèvent dans le même tempo que la musique d’un
juxe-box, dégageant ses décibels à pleine puissance.

L’arrivée
d’André est saluée par une belle ovation générale. Le Président l’accueille à
sa table. André commence par lui remettre le chèque promis. Le Président se
lève et demande le silence. En possession du chèque, il le montre bien haut à
tous, déclanchant une nouvelle standing ovation qui ne cesse qu’au bout de quelques
minutes.

André
sait qu’il vient de gagner des dizaines et des dizaines de voies à sa cause. Il
n’est plus le communiste qui voit rouge. Il est devenu l’ami des sportifs de la
commune et un commanditaire actif de leur club. La première journée de son plan
de reconquête du village est un coup de maître.

Il
boit encore de nombreux verres, mais à 20 heures il se lève pour prendre congé. L’heure, c’est l’heure et il ne
change jamais ses bonnes habitudes. Avant de partir, il promet d’être encore présent le dimanche suivant. Son départ
est accompagné d’un nouvelle éclat sonore, qu’il entend pendant de longues minutes.

De
son côté Gros Sel, en rentrant, met au courant Pierrot de l’intervention du
chef de gare. Il comprend immédiatement que la main du docteur Melchior est’intervenue. Il a fait prendre le train à l’une de ses connaissances toute
habillée de noir, pour donner de la véracité à son récit. Le chauffeur l’aura récupéré à Villeneuve-la-Comtesse et personne ne peut se rendre compte de la
supercherie. Il va donc être plus facile de supporter le moindre interrogatoire
puisque ce monsieur est repéré, il existe et a même une identité. Bien joué
docteur Melchior, chapeau bas !

De
toute façon, il n’a rien à craindre, à leur dernière dicussion, il a eu
implicitement l’aval de son père pour prendre les choses en main, sauf que ce dernier ne pensait pas se faire
berner aussi rapidement. Une fois
encore, son orgueil l’aura perdu. Il n’est pas très malin sur ce coup pense Pierrot.

André
pousse la porte de la maison et s’assoit pour dîner. Les autres le rejoignent
et Pierrot s’installe le dernier en lui disant.

« –
Alors Papa les nouvelles sont bonnes, tu vas devenir le nouveau Président du
Réveil ? »

André :

« –
Et pourquoi pas, je ne suis pas plus idiot que Jacques David ? »

Pierrot :

« –
Tu ne connais rien au football papa, mais cela ne me regarde pas, ce sont tes
affaires. »

André :

« –
Je n’y connais rien, mais je leur ai donné à la mi-temps la marque
finale. »

Pierrot :

Foutaise
Papa, ce n’est pas ça diriger un club de football.

« – Ah j’allais oublier, changeons
de sujet, comme j’avais un aval de principe de ta part, le papillon et les
objets sont en lieu sûr. Ne te fais plus aucun souci. »

André
le regarde, ce n’est pas le genre d’aval que nous t’avions donné ta mère et
moi. Nous aurions du être présent à l’échange. Papa, tu étais à la messe, tu
n’y vas jamais d’habitude, comment je pouvais deviner. Hier soir, nous nous
sommes appelés pour confirmer le rendez-vous. Il m’a demandé de venir ce matin,
car il avait autre chose à faire en fin de journée et ne pouvait pas attendre le
train du soir. Sachant que le dimanche matin, tu restes toujours à la ferme, comment je pouvais m’imaginer que tu allais te rendre à la messe. Même grand-mère
et maman en ont perdu leur voix.

André :

« –
J’aurai pu rester pour rencontrer ce monsieur, c’est aussi très important. Tu
as donc ses coordonnées. »

Pierrot :

« –
Oui, elles sont dans mes affaires, mais je ne sais pas où, je dois les
rechercher. »

André
le regarde droit dans les yeux et lui dit :

« –
Bien joué junior, tu nous as tous blousé et de belle manière. »

Pierrot :

« –
Papa, nous faisons un travail d’équipe, toi tu travailles l’extérieur, le grand
public, ton image, regarde cet après-midi, ils étaient tous après toi, ils ont
besoin de toi. Je suppose qu’à l’église ce matin, tous t’admiraient. Tu
ne peux pas tout régenter seul.Tu viens de me dire que je t’avais berné. Si moi,
j’ai pu le faire à mon âge, imagine les autres, ceux qui ne t’aiment pas.
Quand vas-tu te décider à faire équipe avec nous.

Fais-moi
confiance. Ce qui compte, c’est que ce soir tu aies gagné sur toute la ligne,
que le papillon et les objets soient en sécurité et je te prouverai dans
quelques jours que j’ai la maîtrise totale de la situation. J’ai besoin de
temps, pour mettre en place une stratégie, que nous partagerons.

Tu
auras encore des surprises. Ne te fâche pas. Une chose m’étonne Papa, c’est que
tu n’as pas pris conscience de l’énormité de notre découverte. C’est vous qui
avez déclanché ce tsunami, ce n’est pas moi. Sache bien deux choses, les os et les dents sont bien celles d’un dinosaure et ils étaient bien
vivants, il y a quelques jours. »

André :

« –
Tu y vas un peu fort, le dernier dinosaure vivant date de 75000 000
d’années. »

Pierrot :

« –
Tu vas les voir tous rappliquer demain, et tu verras les pressions, qu’ils vont nous
faire subir. Je suis certain qu’ils viendront avec les gendarmes. L’affaire est
trop sensible, trop importante. Heureusement que nous sommes mineurs.
Contre-nous, ils ne pourront rien, mais tu as intérêt à en parler dès demain
matin à ton avocat.

La
bataille sera très dure. Personne ne nous fera de cadeaux. Fais-moi confiance,
j’ai toutes les cartes en main. La seule chose que je peux te promettre Papa, c’est que quand la bagarre se sera apaisée, tu connaîtras toute la vérité. Je
ne peux rien te dire de plus aujourd’hui, de toute façon, je sais que tu ne me
croirais pas. Tu ne crois même pas, que ce dinosaure était vivant la semaine
dernière.

André :

« –
Comment veux-tu je crois une ânerie pareille »

Pierrot

« –
Tu vois, sans un minimum de confiance entre nous, rien ne sera possible. Mais,
il est tard, je pense que nous pourrions dîner et aller dormir. Demain sera
encore une journée difficile et moi j’ai deux compositions. Repose-toi bien
papa nous en reparlerons demain soir. »

André
ne dit rien et réfléchit. Pierrot le surprend de plus en plus. Il découvre en
lui un fin stratège.

Le
repas est pris très vite et chacun monte dans sa chambre. Pierrot et Gros Sel
devancent tout le monde. Une fois là-haut, Gros Sel s’adresse à Pierrot :

« –
Tu les as encore bien eus, je ne sais pas où tu vas chercher tout ce que tu lui
dit, mais il gobe tout comme du bon pain, avec ton coup de double vue, tu l’as
scotché , il ne s’en remet pas. J’ai l’impression, qu’il a peur que tu
saches ou que tu apprennent des choses sur lui. Tu as vu comme il a vite
changé. Ce matin à l’église si tu l’aurais vu, il était pire que les vieilles
bigotes. Il a même chanté. C’était à mourir de rire. Imagine papa
chantant ! »

Avant
d’aller dormir, il cache les cartes de visite là ou il sait que sa mère va les
trouver.

André
est morose. Avant de monter se coucher, il sort prendre un peu l’air. Il
regarde le ciel et scrute la lune. Celle-ci de son côté l’observe. Elle éclaire sa ferme de son mieux.
Depuis quelques soirs, elle est cachottière et ne montre qu’un seul croissant.
Chaque soir, elle veille ainsi sur une partie de la terre, réglant l’heure des marées
qu’elle actionne deux fois par jour avec la ponctualité d’un mouvement
d’horlogerie. Au petit matin, elle s’effacera pour aller s’éclater ailleurs, en
gardienne protectrice d’un sommeil réparateur.

André:

“- Ah, si elle pouvait parler…” et, il rentre se coucher.

Ce
lundi, club des cinq a repris le chemin de l’école, pendant l’interclasse
Tapioca fait la leçon aux petits sur les derniers évènements et la conduite à tenir. Chacun sait, qu’il
ne doit rien dire. Le leitmotiv sera :

« –
Je ne suis au courant de rien, Pierrot fait les choses seul et nous a écarté, depuis l’affaire des boîtes de papillons. Pierrot roule seul désormais avec Gros-Sel. Cela fait une semaine que nous
ne nous voyons plus, sauf à l’école. »

Cette
cassure fait d’ailleurs jaser leurs copains et leurs copines. Elle laisse à certains l’espérance, de pouvoir occuper bientôt les places vacantes. Il est devenu en quelques jours, la
vedette incontestée de la petite école.

Désormais, pour
se parler ou se donnez rendez-vous, ils se passent des mots. La technique est
simple, les vestes de chacun sont accrochées aux portemanteaux du préau, il
suffit de glisser un mot dans une de leur poche. Une fois lu, ce mot est
immédiatement déchiré en mille morceaux et jeté dans un endroit où il sera
irrécupérable.

L’après-midi
se passe sans aucun problème et Pierrot à chaque récréation est très entouré.
Il reçoit de plus en plus de sollicitations. Il n’y prête guère d’attention, mais fait un parallèle avec le comportement des adultes envers son père, mêmes causes, mêmes effets se dit-il.

Le maître annule les
compositions jusqu’àu lendemain, il pourra les réviser une fois de
plus, ce qui n’est pas pour lui déplaire. À cinq heures précises, la cloche
sonne. Ils ont rendez-vous devant l’église, mais avant, ils doivent passer chez
eux pour prendre leur quatre heures et poser leurs cartables.

Chacun
à son chemin personnel, Pierrot et son petit frère sont à deux pas de la ferme.
Il traversent la route nationale et tourne dans le chemin qui les conduit à la
maison.

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